Pollusol 2 : une première cartographie du bruit de fond de la pollution en Wallonie
La SPAQUE fête cette année ses 30 ans d’existence. Cet anniversaire sera marqué, en fonction de l’évolution de la pandémie, par une journée évènement qui devrait se tenir au début de l’automne. D’ici-là, au fil des mois et des semaines nous revenons sur les grands évènements qui ont marqué notre histoire.
Entre 2009 et 2011, la SPAQUE a mené au travers de la Wallonie une étude d’envergure visant à établir une cartographie du bruit de fond de la pollution dans le sol. Les résultats de cette étude dénommée Pollusol 2 seront publiés en 2015. Des résultats rassurants, cette pollution n’ayant qu’un impact très limité en cas d’exposition normale et ne nécessitant aucune précaution inhabituelle (comme le lavage des mains, l’épluchage des légumes du jardin,…) dans la pratique du jardinage.
Après collecte de données scientifiques et environnementales, dix communes seront sélectionnées dans le cadre de la campagne de collecte et d’analyses d’échantillons de sol, d’eaux souterraines, de légumes et de litières forestières. Il s’agissait des communes d’Amay, Aubange, Charleroi, Châtelet, Colfontaine, Engis, La Louvière, Seraing, Trooz et Verviers. 398 potagers et 398 autres types de terrain (culture, prairie, forêt, parc) seront ainsi échantillonnés. De plus, 435 échantillons d’eau seront prélevés, en provenance de puits existants mais également de forages réalisés spécifiquement pour Pollusol 2. Dans les potagers, 1.341 échantillons de légumes seront prélevés et dans les forêts, 82 échantillons de litière.
Tous ces échantillons furent analysés pour un grand nombre de substances :
- des polluants inorganiques présents naturellement dans les sols mais également par enrichissement suite à l’action de l’homme, aussi appelés « métaux lourds »,
- des polluants organiques qui proviennent majoritairement de l’action de l’homme (industries, transports, chauffage) et ont enrichi le sol via des retombées, comme les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) générés par les processus de combustion.
La base de données ainsi générée comporte environ 74.000 valeurs provenant des analyses de sol, 43.000 valeurs provenant des analyses de légumes, 43.000 valeurs provenant des analyses d’eau et 2.600 valeurs provenant des analyses de litière forestière.
A partir des échantillons prélevés sur les 10 communes et des résultats de l’étude POLLUSOL 1, une cartographie des teneurs attendues en polluants a été mise au point par modélisation en se basant sur les analyses réalisées, l’occupation du sol, le type de substrat du sol et les retombées atmosphériques.
Ce modèle permet d’estimer, par extrapolation, la teneur attendue pour chaque polluant en chaque point de la Wallonie, à partie des données récoltées lors de l’étude. Et les résultats obtenus donnent de très bons résultats pour la majeure partie des polluants inorganiques étudiés (arsenic, baryum, béryllium, cadmium, cobalt, chrome, cuivre, mercure, nickel, plomb, antimoine, étain, zinc), pour les HAP, le toluène, les cyanures et l’indice phénol.
Par ailleurs, grâce à la masse de données engendrée par l’étude, des modèles mathématiques ont été créés afin de calculer la concentration attendue en polluants dans les légumes à partir des propriétés du sol (acidité, matière organique, enrichissement en polluants, etc.). Il a ainsi pu être montré que la relation n’est pas toujours linéaire entre la concentration mesurée dans le sol et dans le légume pour un même polluant, même si le bon sens aurait laissé à penser qu’un sol plus fortement contaminé allait induire des légumes plus fortement contaminés également.
Evaluation de l’exposition de la population et avis d’un collège d’experts
Cette évaluation a consisté pour la SPAQUE, à partir des teneurs mesurées dans l’environnement, à estimer les niveaux auxquels la population est exposée (via ingestion de sol, ingestion de légumes, inhalation de poussières et inhalation de substances volatiles) et à les comparer à des niveaux d’exposition connus, ne conduisant pas à l’apparition d’effets néfastes.
Sur base de cette évaluation et des teneurs observées dans les sols et les légumes, seules trois substances sont ressorties à l’interprétation des résultats : l’arsenic, le cadmium et le plomb.
Il n’est pas surprenant de retrouver ces trois substances qui ont été largement utilisées dans l’industrie et ont pu s’accumuler dans les sols via les retombées des cheminées. De plus, l’arsenic est une substance naturellement présente en grande quantité dans le sous-sol de la Lorraine belge.
Concernant ces trois substances, un collège d’experts, composé de toxicologues et médecins, a été consulté et a rendu un avis à la SPAQUE. Cet avis indique que les hypothèses du modèle de calcul SPAQUE très précautionneuses et les résultats de l’évaluation des risques ne signifient pas l’existence d’un risque sanitaire avéré. On ne peut néanmoins exclure la possibilité d’exposition excessive dans une fraction restreinte de la population des communes investiguées. Mais au stade actuel des connaissances, les experts ont estimé qu’il n’était pas nécessaire d’alarmer la population. En matière de prévention, les mesures habituelles (par exemple le nettoyage des habitations à l’eau, l’épluchage des légumes du jardin,…) s’avèrent, en effet, suffisantes.
Jean-Frédérick Deliège
Porte-parole
0494/57.94.18