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Hennuyères : le rapport de SPAQuE concernant la pollution des Etangs de Coeurcq

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En avril 2007, l’AFSCA (Agence pour la sécurité de la chaîne alimentaire) met en évidence une contamination en PCB du lait de vache provenant d’une exploitation située à Hennuyères. En août 2007, SPAQuE réalise des prélèvements qui, après analyses, ont confirmé la présence de PCB (polychlorobiphényles) dans les eaux et sédiments des cours d’eau. Après les inondations de 2010 et 2011, SPAQuE est chargée de réévaluer la situation.

Des investigations sur près de 27 hectares

Les investigations ont été initiées dès février 2011 sur une superficie totale d’environ 27 hectares. La plupart des terrains sont de type agricole, mais des zones de parc, quelques jardins privés ainsi que des potagers communautaires ont également fait l’objet de prélèvements de sols et d’analyses.

Les investigations ont été menées en deux phases. La première phase avait pour but de vérifier si des PCB avaient pu contaminer les terrains voisins des cours d’eau. Etant donné le résultat positif de cette première phase, un périmètre d’investigations plus large a été établi et une seconde phase d’investigations a été programmée.

Au total, 192 échantillons de sols et dépôts ont été prélevés et envoyés au laboratoire pour analyse des PCB.

Des PCB retrouvés dans les sols, mais uniquement en surface et pas partout

Sur les terrains agricoles de part et d’autre des cours d’eau, les teneurs en PCB dans les premiers centimètres de sol dépassaient par endroits la norme bruxelloise pour un usage agricole (norme d’intervention de l’arrêté du 17 décembre 2009 du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale).

Les teneurs les plus élevées (le maximum était de 7,5 fois la norme d’intervention) ont été observées dans les échantillons superficiels qui étaient constitués partiellement ou totalement de dépôts de sédiments. Les concentrations mesurées sont toutefois très inférieures à celles observées en 2007.

Il est important de préciser que seules les zones d’accumulation de sédiments présentent une problématique PCB. Les zones éloignées des bordures de cours d’eau et sans accumulation de sédiments ne montrent aucune trace de PCB, même si elles ont été inondées.

Les échantillons prélevés en profondeur ne sont généralement pas contaminés en PCB, ce qui prouve que la contamination était, au moment des investigations, localisée à la surface des terrains.

Les terrains les plus affectés sont ceux situés entre les anciennes Tuileries et les Etangs de Coeurcq. En aval des étangs, la situation semble s’améliorer quelque peu : des dépassements de la norme d’intervention sont encore observés pour les PCB, mais les concentrations sont nettement plus faibles qu’en amont des étangs.

En ce qui concerne les jardins et les potagers, les investigations ont montré que les sols de ces terrains contiennent des PCB en certains endroits, mais sans dépassement de la norme d’intervention bruxelloise pour l’affectation habitat.

Moins de PCB qu’en 2007 dans les cours d’eau

Les importants débits observés lors des inondations de novembre 2010 et janvier 2011 ont vraisemblablement provoqué des apports de matières solides, ainsi que le déplacement et le remaniement des sédiments présents dans le lit des cours d’eau.

Comme on pouvait s’y attendre, les sédiments présents en 2011 dans le lit des cours d’eau contiennent moins de PCB que ceux prélevés et analysés en 2007. Cette diminution apparaît la plus importante près des anciennes Tuileries : les teneurs en PCB totaux mesurées en 2011 sont environ 100 fois moins importantes qu’en 2007 dans les sédiments au pied du rejet des anciennes Tuileries, dans le Warichaix et au confluent entre le Warichaix et la Favarge. En aval, dans la Favarge et le Coeurcq, les teneurs de 2011 sont de 4 à 20 fois moins importantes qu’en 2007.

Deux contrôles ont été réalisés sur les eaux de surface. Le premier a montré que les eaux de rejet ne contenaient pas de PCB. Par contre, les eaux des cours d’eau en aval dépassent encore la norme de qualité environnementale : de 14 fois la norme pour l’eau du Coeurcq au niveau des potagers de Tubize, à 40 fois la norme au niveau pour l’eau du Warichaix en aval des Tuileries. Le second contrôle a mis en évidence une contamination en PCB dans le rejet et des teneurs encore plus importantes dans le Warichaix (plus de 200 fois la norme).

Les recommandations de SPAQuE de 2007 restent d’actualité concernant les cours d’eau : éviter toute utilisation de l’eau des cours d’eau depuis le chemin de Warichaix à Hennuyères jusqu’à Tubize, que ce soit pour l’abreuvement du bétail, l’irrigation ou tout autre usage domestique.

SPAQuE recommande toujours le curage des cours d’eau, mais aussi l’élimination des dépôts de sédiments

Même si les concentrations dans les sédiments des cours d’eau ont diminué par rapport à 2007, le curage de la mare et des cours d’eau (au moins jusqu’à Stéhou) reste pour SPAQuE tout à fait pertinent. Lors de ces opérations de curage, un léger raclage des sols en surface de part et d’autre du cours d’eau permettrait d’éliminer une part significative des PCB contaminant les sols des pâtures. SPAQuE recommande également l’évacuation des zones de dépôts de sédiments les plus importants, où des contaminations significatives en PCB ont clairement été mises en évidence.

En ce qui concerne l’utilisation des terrains agricoles, il convient de signaler qu’il n’entre pas dans les compétences de SPAQuE d’autoriser ou d’interdire l’utilisation de ces terrains agricoles et l’accès du bétail aux pâtures. Pour cet aspect, SPAQuE a communiqué d’initiative l’ensemble des résultats d’analyses de sols à l’AFSCA. Cependant, des recommandations peuvent être émises, et parmi celles-ci, ne pas permettre au bétail de circuler sur les zones qui présentent des contaminations en PCB, c’est-à-dire les zones recouvertes de sédiments en bordure des cours d’eau et les zones d’accumulation de sédiments.

En ce qui concerne les potagers, des méthodes simples peuvent être mises en œuvre afin d’éviter l’ingestion de PCB qui, même s’il n’y a pas de dépassement de norme, sont néanmoins parfois présents dans le sol. Il est donc conseillé de laver soigneusement les légumes-feuilles et les légumes-fruits et d’éplucher les légumes-racines. Le « mulching » (paillage) est également recommandé, afin d’éviter que les légumes ne soient souillés par de la terre projetée sur les feuilles ou les fruits par la pluie. En cas de création d’un nouveau potager sur un terrain ayant été inondé, il est recommandé, par mesure de précaution, de ne pas incorporer, lors du premier bêchage, la couche superficielle du sol, qui pourrait contenir des PCB.

Philippe Scauflaire
Senior manager