Assainissement des friches industrielles polluées : l’évaluation des risques permet de diminuer le coût du chantier de 50 à 95 %
L’évaluation des risques est une étape incontournable du processus de réhabilitation d’une friche industrielle polluée, tant dans le cadre de la protection de la santé et de l’environnement que dans celui d’une gestion efficace des coûts du chantier.
Le cadre législatif de la gestion des sites et sols pollués en Wallonie repose sur l’application du « décret sols » du 5 décembre 2008. Ce décret fixe les différentes études à mener sur un site : étude d’orientation, étude de caractérisation, élaboration des objectifs d’assainissement et évaluation finale.
L’évaluation des risques est inscrite dans le « décret sols » à deux stades cruciaux de l’étude du site :
- elle permet, d’une part, de statuer sur la présence ou non de pollution préjudiciable pour la santé et l’environnement lors des investigations des sols, et, d’autre part,
- elle permet d’élaborer les objectifs d’assainissement dans le cas des pollutions historiques.
Dans ce deuxième cas, le « décret sols » précise que les objectifs d’assainissement – qui sont les concentrations maximales admissibles dans les sols et les eaux souterraines pour les rendre compatibles avec l’aménagement projeté – doivent au minimum supprimer l’existence d’une menace grave, c’est-à-dire éliminer la pollution préjudiciable.
L’objectif de l’évaluation des risques n’est donc pas d’assainir un site pour le rendre le plus propre possible, ni de le ramener au niveau des teneurs naturelles, mais de l’assainir pour le rendre compatible avec l’usage projeté. C’est pourquoi, au terme « dépollution », on préfère généralement « assainissement » ou « réhabilitation ».
Prenons un exemple pour mieux appréhender ce distinguo. Un site pollué destiné à accueillir un parc à conteneurs ne nécessitera pas une réhabilitation en profondeur : y couler une solide dalle en béton, après une réhabilitation minimale, suffira généralement à protéger ses utilisateurs et l’environnement. Ce type de réhabilitation sera accompagné de « restrictions d’usage » de façon à ce qu’à l’avenir, on n’y développe pas de projets incompatibles avec la pollution des sols subsistante. A contrario, si le même terrain pollué est destiné à accueillir des logements avec jardins, potagers, etc., une réhabilitation en profondeur devra y être menée.
En tenant compte du projet de reconversion du site, l’évaluation des risques va donc permettre de limiter au maximum les coûts de réhabilitation. Sur un même site, elle conseillera de construire un parking en plein air, là où se trouve une importante zone de pollution, de façon à réduire au maximum les excavations et le coûteux traitement des terres contaminées, tandis qu’elle proposera l’implantation de logements sur une zone où la pollution est beaucoup moindre.
En optimisant l’assainissement en fonction du projet d’aménagement, l’évaluation des risques permet, sans conteste, d’en réduire les coûts. C’est ce que démontre le tableau ci-dessous. On y constate, sur base des coûts réels de réhabilitation de sites assainis par SPAQuE et des différentes options proposées dans les études de faisabilités économique, technique et urbanistique sur base de l’évaluation des risques, que plus cette évaluation des risques est affinée, plus le coût du chantier diminue.
Site |
OA = VS
|
OA = VSH (ESR)
|
OA = scénario spécifique |
Variation du prix |
Chimeuse – ouest (9 ha) |
22,9 |
|
11,8 |
-48% |
Boch Keramis (17 ha) |
12,7 |
|
4,8 |
-62% |
Cristalleries VSL (5,2 ha) |
9,1 |
6,5 |
1,7 |
-82% |
UCB – zones A et B (11 ha) |
465 -> 630 |
170 -> 485 |
15,1 -> 16,6 (parc) |
-97% |
Unité = millions d’euros OA : Objectif d’assainissement VS : Valeur seuil VSh : Valeur seuil pour la santé humaine ESR : Evaluation simplifiée des risques
Cette approche des sites pollués au travers de l’évaluation des risques est la seule alternative possible en vue de l’assainissement durable des friches industrielles. C’est la voie adoptée par la Wallonie, mais aussi par plusieurs autres pays européens.
Pour plus d’informations sur l’évaluation des risques :
RiskAssessmentBasedApproach-NICOLE.pdf
Pour tout renseignement complémentaire :
Jean-Frédérick Deliège
Service de la communication externe et des relations avec la presse
0494/57.94.18